La soumission selon Lily
Novembre 2024 | ||||||||||
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Il faut une grande part d'abnégation et de dépassement de soi pour pratiquer le shibari. Ceux qui pensent que pratiquer le shibari ne consiste qu'à se faire porter par les cordes ou se faire ligoter (de manière plus ou moins contraignante) n'ont, je l'affirme, fait que survoler le sujet.
La douleur, et la difficulté du shibari est une douleur très spéciale. Comparons la par exemple à des coups de fouet. Un coup de fouet (ou de cravache ou de quoi que ce soit) est une douleur très vive mais instantanée. Lorsque l'on reçoit un coup de fouet, l'on a très mal sur l'instant mais dès que le coup est donné la douleur s'estompe et disparaît très vite. Cela est valable pour beaucoup d'autres pratiques SM : la bougie, les coupures au couteau, … Que l'on ne se méprenne pas surtout ! Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas de dépassement de soi pour supporter cela. Personnellement il m'en faut beaucoup et j'ai à chaque fois besoin de puiser dans mes ressources pour subir le fouet ou la bougie.
Le shibari est une difficulté toute autre. Lorsque l'on pratique le shibari, en tant que modèle
s'entend évidemment, la douleur est également très forte mais également lancinante, et je dirais presque paniquante. Être soulevé par une ou plusieurs cordes est une douleur très forte. Un
shibari très contraignant, mettant le corps dans une position illogique pour lui l'est également. Ajoutez à cela l'impossibilité totale de respirer normalement. La respiration, particulièrement
lors d'une suspension, est réduite à son minimum. Cela est très angoissant, voire paniquant. On sent que l'on manque d'air, on se sent presque étouffer, suffoquer, asphyxier. Et plus l'on cherche
de l'air, plus on augmente la pression des cordes et plus cela devient intolérable. C'est personnellement un exercice que j'ai encore énormément de mal à accomplir. Enfin, et je reviens sur ma
comparaison avec un coup de fouet : si je veux arrêter une séance de fouet (par mon safeword par exemple), la séance s'arrêtera net, à l'instant même où j'aurais dit stop. Si je veux arrêter une
séance de shibari, au moment où je l'arrête, je sais qu'il me faudra encore tenir plusieurs minutes, le temps que le shibariste me détache.
Pour dépasser cela, il faut puiser très profond en soi. Il faut réussir à s'évader, à sortir de son
corps presque, sans quoi la douleur est intolérable et la séance, fichue. Il faut également garder son calme lorsque l'on sent l'air nous manquer. L'esprit de soumission, l'abnégation et le
dépassement de soi sont indispensables pour pouvoir dire « Je tiens encore un tout petit peu ». J'affirme que la soumission est tout aussi présente pour une séance de shibari que pour
supporter fouet, bougie, sang et autres délicieux sévices estampillés SM.
J'espère finalement avoir réussi à vous faire partager ma vision du shibari et, pourquoi pas, avoir pu faire évoluer en vous l'image de celui-ci...